𑀧𑀸𑀡𑀸𑀢𑀺𑀧𑀸𑀢𑀸 𑀯𑁂𑀭𑀫𑀡𑀻 𑀲𑀺𑀓𑁆𑀔𑀸𑀧𑀤𑀁𑀲𑀫𑀸𑀤𑀺𑀬𑀸𑀫𑀺

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Une école pédagogique pour les élèves-instituteurs.

Rien n'est plus facile, avec de l'intelligence, que de connaître les principes de l'éducation; mais comme leur application exige des qualités particulières, il arrive tous les jours que ceux qui raisonnent le mieux cette partie sont souvent les plus mauvais instituteurs; comme on en voit qui tout en-sachant très-bien leur droit sont de mauvais avocats. Il importerait donc de faire faire à tous les jeunes gens qui se voueraient à cette carrière des cours d’applications, comme on en fait pour la médecine, et qui mettraient à même d’apprécier leurs talents.

On formerait à cet effet, dans le local même de l’école pédagogique, un vaste établissement gratuit, où les élèves-instituteurs mettraient en pratique les leçons qu’ils auraient reçues sur l’art d’élever les hommes. C’est là qu’on jugerait avec certitude, non-seulement de leur capacité pour cet art, mais encore que l’on pourrait s’assurer de leur moralité, de leur caractère, et par conséquent ne confier cette mission importante qu’à des hommes réellement en état de la remplir. J’ai tracé dans le plus grand détail le plan organique de cet établissement, et je crois l’avoir établi sur des bases tellement économiques, qu’il ne serait que faiblement à charge au gouvernement qui le créerait; mais je ne ferai connaître ce plan que plus tard.

Les avantages qui résulteraient d’une institution de cette nature sont, je crois, assez évidents par eux-mêmes pour être compris de tout le monde, puisqu’elle fournirait à la France entière des hommes réellement habiles dans l’art de l’éducation et capables de rendre sous ce point de vue des services signalés à leur patrie. En quelques années l’éducation ferait plus de progrès qu’elle n’en a fait depuis un siècle. Ce serait une institution digne de notre époque et d’un gouvernement éclairé qui acquerrait par là la gloire d’avoir le premier, en quelque sorte, créé une nouvelle science, ou du moins qui pourrait se flatter de lui avoir donné un essort qu’elle n’a eu dans aucun temps ni chez aucun peuple.

La distinction que j’ai établie entre les fonctions de simple professeur et celles d’instituteur, fait naturellement connaître la différence qui existerait entre l’ancienne École-Normale et l’école pédagogique que je propose d’établir. Dans la première, on ne s’attachait qu’à former d’habiles professeurs; la seconde embrasse un champ beaucoup plus vaste, et les études qui en dépendent sont, comme on l’a vu, infiniment plus étendues et tout à fait neuves. Elle aurait pour objet de former des instituteurs, non-seulement capables de professer, mais en même temps de développer l’homme sous tous les rapports. On y approfondirait l’art de la pédagogie dans tous ses détails, et, par l’application immédiate qu’on serait tenu d’en faire, on serait sûr de ne confier la jeunesse qu’à des hommes d’une habileté reconnue, avantage immense que l’on ne trouve dans aucun pays. On voit d’après cela que je suis loin d’approuver la liberté entière que l’on donne à l’éducation dans certaines contrées. Les résultats de l’éducation sont trop importants pour qu’on la confie légèrement, et je crois qu’à cet égard on ne saurait être trop sévère; mais il faut une sévérité raisonnable qui ne puisse en rien nuire aux développements dont cette science est susceptible. Si je voulais m’étendre sur ce sujet, il me serait facile de prouver que celle que l’on déploie actuellement est loin d’atteindre ce but; car, non-seulement elle ne peut en aucune manière donner les garanties que l’on est en droit d’exiger (ce que prouve l’expérience), mais qu’elle ne fait qu’entraver. Une fois que l’on aurait reconnu à un individu le caractère et le talent nécessaires, et c’est sur ce point que l’on devrait être extrêmement sévère, une fois que cet individu serait admis dans le corps des instituteurs, on devrait le laisser libre d’agir à son gré; on ne devrait pas plus le forcer à suivre une marche plutôt qu’une autre, qu’on n’oblige les médecins à traiter leurs malades selon telle ou telle doctrine. La rivalité qui s'établirait alors entre des hommes habiles porterait bientôt l'art de l'éducation à son plus haut degré de perfection.

Je crois devoir répondre à une objection que l'on pourrait faire contre l'établissement gratuit qui servirait d'école d'application. Beaucoup de personnes diront sans doute que ce sont des enfants sacrifiés à des essais. La réponse est bien simple: d'abord les élèves-instituteurs n'étant admis à la pratique qu'après un an de théorie¹, ne seront-ils pas dans tous les cas plus aptes ou du moins aussi aptes à exercer leurs fonctions que cette foule de gens que l'on emploie et qui ne connaissent de l’éducation que le nom? De toute manière ces enfants ne pourront être plus mal dirigés qu'ils ne le seraient dans les écoles ordinaires; au contraire, les essais même que l'on ferait tourneraient à leur profit, puisqu'ils tendraient toujours vers le perfectionnement de l'art, ce dont ne s'inquiètent nullement les instituteurs ordinaires. D'un autre côté l'école pédagogique étant dirigée par un homme versé dans cette partie, qui veillerait lui-même sur l'application, les essais n'auraient aucune espèce d'inconvénient.