𑀧𑀸𑀡𑀸𑀢𑀺𑀧𑀸𑀢𑀸 𑀯𑁂𑀭𑀫𑀡𑀻 𑀲𑀺𑀓𑁆𑀔𑀸𑀧𑀤𑀁𑀲𑀫𑀸𑀤𑀺𑀬𑀸𑀫𑀺

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Le châtiment comme outil pédagogique.

On met souvent beaucoup de soins, beaucoup d'art même, et je puis dire souvent un raffinement de méchanceté dans la recherche des punitions qui peuvent être le plus sensibles. Je ne dirai pas que c’est une erreur, mais bien le comble de l'absurdité et de l'ignorance. Quoi! vous qui voulez faire aimer le travail et la vertu, c'est au bout d'une verge que vous les présentez! Vous qui devez vous concilier l'attachement et la confiance de vos élèves, qui devez être leur second père, c'est avec l'air pédantesque et rébarbatif, et armé de la férule ou du martinet, que vous venez leur dire: Ayez confiance en moi, je vous aime comme mes enfants; ne craignez pas d'avouer vos torts, c'est pour votre bien que je veux vous corriger. Vous qui devez leur inspirer de nobles sentiments, vous imprimez sur leur jeune front la flétrissure réservée au crime! Et pourquoi? Pour avoir mal fait un thème ou une version. Et c'est ainsi qu'on veut inspirer aux enfants de la bonté et de la douceur; c'est quand on leur donne soi-même l'exemple de la passion, de l'emportement et de la méchanceté, qu'on veut leur faire aimer le travail et la vertu! Ce système barbare diminue chaque jour il est vrai; mais il existe cependant encore pour la honte de l'éducation. D'ailleurs, ne voit-on pas tous les jours des instituteurs s'oublier assez pour maltraiter eux-mêmes leurs élèves, tout en blâmant le système des férules? Je croirais même ce dernier système préférable s’il y avait à choisir; car, dans ce cas, l'instituteur emploie le seul moyen qu'il connaisse; il suit l'usage, parce que son ignorance ne lui a pas permis d'en connaître de meilleurs; il s'en sert souvent sans colère; mais l'autre est le résultat de l'impatience, de la brutalité, de l'emportement et quelquefois de la haine.

Croquis lithographique à l'usage des enfants par Charlet, 1826

Frère! faites donc finir l'école mutuelle
y nous fichent des grands dissimes coups de pieds
et nous appellent cornichons!!

Charlet, 1826

Les autres moyens que l’on emploie généralement ne sont pas plus efficaces, et sans être aussi vicieux, ils n’en ont pas moins des conséquences funestes. Il est d'usage, par exemple, de punir les enfants par des pensums, c’est-à-dire, que pour leur faire aimer le travail on le leur donne par punition; c'est absolument comme si on voulait leur faire aimer les verges. Sont-ils paresseux, des pensums; sont-ils menteurs, des pensums; sont-ils trop vifs, des pensums; sont-ils trop mous, encore des pensums et toujours des pensums. C'est la panacée universelle pour toutes les maladies morales. Ce genre de punitions n'a pas seulement l'inconvénient de dégoûter du travail et d'habituer à mal faire; mais quand un enfant est accablé d'une occupation pour laquelle on n’a souvent calculé ni le temps ni la possibilité de l'exécution, il se trouve naturellement conduit à faire usage de mille moyens frauduleux pour tromper la bonne foi du maitre; moyens qui réussissent le plus souvent. Voilà donc une source de mauvaise foi, de fraudes, d'hypocrisie, à laquelle il puise pendant presque tout le cours de ses études classiques. Je n'en finirais pas si je voulais énumérer tous les genres de punitions et développer leurs conséquences fâcheuses quand elles sont mal appliquées; mais j'en citerai cependant encore un qui rentre davantage dans les usages de la vie domestique, et qui prouve combien on réfléchit peu sur les moyens que l'on emploie. On est assez dans l'usage de punir les enfants par la privation de quelques friandises, privation à laquelle ils sont très-sensibles; ou bien, veut-on obtenir d'eux quelque chose, un gâteau ou des bonbons sont dans ce cas le stimulant, l'objet de leur convoitise. N'est-il pas évident que c'est leur donner une véritable leçon de gourmandise, leçon dont ils profiteront si bien, que l’on sera peut-être obligé de les punir pour un défaut dont on aura été soi-même la cause. J'ai cité ces exemples; mais il y a, soit dans l'éducation publique, soit dans l'éducation particulière, des milliers de circonstances auxquelles on ne réfléchit pas et qui sont la source d'impressions funestes qui engendrent la plupart des défauts et des vices; impressions qui sont toujours le résultat de la manière d'être et d'agir à l'égard des enfants.

Que doit donc faire l’instituteur? Il doit veiller avec la plus grande attention sur tout ce qui peut faire quelque impression sur eux; il doit pouvoir par son expérience et sa perspicacité en calculer les effets; il doit diriger les circonstances. Il ne doit point oublier que les moindres paroles, les moindres actions, le ton avec lequel on parle dans telle ou telle occasion, l'expression même que l’on donne à sa physionomie, la manière dont une punition est infligée ou une récompense accordée, la nature de cette punition et les circonstances qui l'accompagnent, les scènes dont un enfant est témoin, l'énergie ou la faiblesse que l’on montre à son égard; il ne doit point oublier, dis-je, que toutes ces circonstances donnent lieu à des impressions souvent très-profondes.

Dans certains cas il vaudra mieux ne pas punir; une simple observation amicale, une remontrance faite avec douceur ou avec énergie selon les circonstances, un regard même, font plus d'effet qu'une punition. Cela dépend du caractère de l'enfant, de son âge, des circonstances qui peuvent rendre le moyen que l'on emploie plus ou moins énergique, et de mille autres causes impossibles à définir, mais que, par son tact, l'instituteur expérimenté doit apprécier, calculer et prévoir.