𑀧𑀸𑀡𑀸𑀢𑀺𑀧𑀸𑀢𑀸 𑀯𑁂𑀭𑀫𑀡𑀻 𑀲𑀺𑀓𑁆𑀔𑀸𑀧𑀤𑀁𑀲𑀫𑀸𑀤𑀺𑀬𑀸𑀫𑀺

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Proposition d'un plan d’études classiques.

Je terminerai cet aperçu en exposant succinctement le plan d’études que je propose, et qui me paraît, d’après l’expérience que j’en ai acquise, réunir les avantages que l’on peut désirer. J’ai cherché à le faire concorder autant que possible avec le plan ordinaire, afin qu’il offrit moins de difficultés à établir. Je conserve la division en huit classes, qui embrassent les études classiques proprement dites. Elles sont précédées par les études élémentaires qui comprennent la lecture, l’écriture, les éléments du calcul de tête, et une foule d’exercices sur les noms, les propriétés et les usages des objets environnants, propres à développer l’intelligence de l’enfant en l'habituant à réfléchir et à fixer son attention. Elles sont suivies des études spéciales propres à l’état que l’on doit embrasser; mais je ne m’occuperai point de ces dernières. Les études classiques commencent, terme moyen, à huit ans.

La classe de huitième comprend:

  1. Le perfectionnement de la lecture et de l’écriture.
  2. La géographie moderne.
  3. Les éléments du calcul.
  4. Les premières notions de langue française, comprenant l’explication d’auteurs français.
  5. Le dessin linéaire.

Cette explication d’auteurs français consiste dans une série d’ouvrages français, choisis pour le style et gradués pour l’intelligence, dont on explique ou fait expliquer par l’élève tous les termes qui lui sont étrangers, toutes les expressions figurées, toutes les inversions; sur lesquels on donne tous les développements historiques, mythologiques, géographiques et littéraires, dont ils sont susceptibles et qui sont à la portée de son entendement; de sorte qu’il doit, pour ainsi dire, s’identifier avec la pensée de l’auteur. Ces ouvrages servent aussi de texte pour les exercices pratiques de langue française, et pour les exercices de mémoire. Les principaux avantages de ces explications sont: 1° d’habituer l’enfant à réfléchir sur ce qu’il lit; 2° de meubler son esprit d’une foule d’idées; 3° de le familiariser, pendant tout le cours de son éducation, avec un style pur et correct et avec les pensées ingénieuses de nos grands écrivains; 4° de servir d’introduction pratique à un cours de littérature française. Rien n’est plus propre à former son goût et son style, et j’attache une telle importance à ces exercices que je n’hésite pas à les placer en première ligne. Ils sont à notre langue ce que l’étude des auteurs latins est à la langue latine. Le choix de ces auteurs est assez difficile pour la classe de huitième, parce que les modèles de style sont au-dessus de la portée de cet âge. Il faut donc choisir ceux qui sont les plus instructifs et les plus intéressants en même temps, afin d’habituer l’enfant à fixer son attention sur ce qu’il lit. Les choix de voyages, la découverte de l'Amérique, Robinson et autres semblables, peuvent remplir cet objet; mais surtout point de fables, car il est ridicule d’en mettre, à cet âge, entre les mains des enfants, quand souvent à vingt ans on a de la peine à les comprendre.

Classe de septième.

  1. Suite du perfectionnement de la lecture et de l’écriture.
  2. Suite de la géographie moderne. Géographie ancienne.
  3. Histoire ancienne.
  4. Suite de l’arithmétique.
  5. Suite de la langue française. Auteurs: Abrégé de l'histoire des antiquités romaines; Coutumes gauloises; Abrégé de la vie des hommes illustres de la ville de Rome.
  6. Dessin linéaire.

Classe de sixième.

  1. Lecture soutenue.
  2. Géographie spéciale ancienne, moderne et du moyen âge.
  3. Suite de l’histoire ancienne; histoire moderne.
  4. Suite de l’arithmétique.
  5. Éléments de géométrie.
  6. Suite de la langue française. Auteurs: Numa; histoire de Henri-le-Grand; fables de Florian; Ruth; Tobie; Abeille du Parnasse.
  7. Notions élémentaires sur la physique, la chimie et l’histoire naturelle.
  8. Dessin linéaire.

Classe de cinquième.

  1. Lecture soutenue.
  2. Histoires spéciales anciennes, modernes et du moyen âge.
  3. Fin de l’arithmétique.
  4. Suite de la géométrie.
  5. Suite de la langue française. Auteurs: morceaux choisis de Buffon; Télémaque; la Henriade; fables de La Fontaine; Manuel épistolaire de Philippon de la Madelaine.
  6. Suite des notions de physique, etc.;
  7. Langue latine et langue grecque, ou langues anglaise, allemande et espagnole¹.

Si je ne fais commencer les langues anciennes que dans cette classe, c’est d’abord afin que l'élève soit fortifié sur toutes les connaissances préparatoires qui doivent lui faciliter l’intelligence des auteurs; en second lieu, parce que je suis convaincu, par expérience, que le reste des études classiques suffit amplement pour les savoir même plus profondément qu’on ne les sait ordinairement, et sans y consacrer exclusivement son temps; mais en suivant une autre méthode que la longue et ennuyeuse routine. Ceux qui ne les apprendront pas les remplaceront par des langues vivantes, et pourront poursuivre les autres études classiques aussi long-temps que cela leur sera nécessaire.

Classe de quatrième.

  1. Lecture oratoire.
  2. Eléments d’algèbre.
  3. Suite de la géométrie.
  4. Étude spéciale des difficultés de la langue française. Auteurs: beautés de Racine; oeuvres choisies de J. R. Rousseau; beautés de Corneille; Caractères de La Bruyère; morceaux choisis de Massillon.
  5. Langues grecque et latine ou langues vivantes.
  6. Cours réguliers de physique expérimentale et de chimie.
  7. Éléments de mécanique.

Classe de troisième.

  1. Lecture oratoire.
  2. Suite de l’algèbre.
  3. Fin de la géométrie.
  4. Suite des langues grecque et latine ou des langues vivantes.
  5. Littérature française et continuation de l’explication des écrivains français; oeuvres choisies de Boileau; Art poétique; Oraisons funèbres de Bossuet; Oraisons funèbres de Fléchier; l’Énéide et les Géorgiques, traductions comparées avec le texte latin.
  6. Suite des cours de physique et de chimie.
  7. Suite de la mécanique.

Classe de seconde.

  1. Lecture oratoire.
  2. Suite de l’algèbre.
  3. Éléments de trigonométrie, et application de l’algèbre à la géométrie.
  4. Physique, chimie et mécanique appliquées aux arts.
  5. Suite des langues grecque et latine, ou des langues vivantes.
  6. Haute littérature française et comparaison des auteurs anciens ou modernes avec les principales traductions.

Classe de première.

  1. Lecture oratoire.
  2. Si je fais continuer la lecture pendant toutes les classes, ce n’est pas qu’un enfant ne puisse savoir parfaitement lire à dix ou douze ans, mais parce que la lecture oratoire demande un développement d’idées et de sentiments que l’on ne peut acquérir qu’avec l’âge.

  3. Première application des mathématiques à la physique, à la chimie et à l’astronomie.
  4. Revue plus profonde et plus philosophique des cours d’histoire et de géographie; lecture et comparaison critique des principaux ouvrages sur l’histoire.
  5. Comparaison des littératures française, latine et grecque, ou des littératures étrangères modernes.

Classe de philosophie.

Première année. Étude et comparaison critique de tous les systèmes de philosophie et des principaux ouvrages écrits sur cette matière.

Deuxième année. Revue générale et rapide de toutes les matières vues pendant le cours des études.

Je n’ai fait qu’indiquer ici sommairement les objets des études des différentes classes, sans m’attacher à spécifier la quantité des matières que l’on doit voir dans chacune. Je n’ai voulu que donner une idée du plan que je crois propre à répondre aux besoins des individus et de la société. En effet, que l’on compare le degré d’instruction de deux jeunes gens instruits l’un d’après ce plan et l’autre d’après le plan ordinaire, obligés de se créer eux-mêmes des ressources, je demande lequel des deux aura le plus de moyens à sa disposition? Lequel saura le mieux tirer parti des circonstances qui se présenteront? Lequel aura le plus de chances d’avancement dans les emplois? Je suppose de plus qu’ils soient obligés tous les deux de suspendre le cours de leurs éludes par le fait d’événements malheureusement trop fréquents, lequel sera le moins embarrassé? La réponse n'est pas douteuse. Il reste à savoir si l’alliance de tous ces genres d’études est possible, et s’il n’est pas absolument indispensable de consacrer exclusivement dix ans aux langues mortes; mais je crois ce problème résolu depuis long-temps.