𑀧𑀸𑀡𑀸𑀢𑀺𑀧𑀸𑀢𑀸 𑀯𑁂𑀭𑀫𑀡𑀻 𑀲𑀺𑀓𑁆𑀔𑀸𑀧𑀤𑀁𑀲𑀫𑀸𑀤𑀺𑀬𑀸𑀫𑀺
𑀧𑀸𑀡𑀸𑀢𑀺𑀧𑀸𑀢𑀸 𑀯𑁂𑀭𑀫𑀡𑀻 𑀲𑀺𑀓𑁆𑀔𑀸𑀧𑀤𑀁 𑀲𑀫𑀸𑀤𑀺𑀬𑀸𑀫𑀺
𑀧𑀸𑀡𑀸𑀢𑀺𑀧𑀸𑀢𑀸 𑀯𑁂𑀭𑀫𑀡𑀻 𑀲𑀺𑀓𑁆𑀔𑀸𑀧𑀤𑀁 𑀲𑀫𑀸𑀤𑀺𑀬𑀸𑀫𑀺
Il y a des habitudes de trois natures différentes; elles sont ou physiques, ou intellectuelles, ou morales. Les premières sont celles qui modifient plus particulièrement notre économie animale; les secondes consistent dans la possession plus ou moins parfaite d'une science. Ainsi, par exemple, celui qui est très-familiarisé avec une langue la parle sans efforts et sans y songer; celui qui possède parfaitement les mathématiques fait ses calculs sans peine: c’est ce qu'on peut appeler avoir l'habitude d'une science; et, soit dit en passant, c'est cette habitude que l'on néglige de faire acquérir dans la méthode ordinaire; on se borne en général à une théorie trop fugitive, qui ne fait qu’effleurer l'esprit. Enfin les habitudes morales sont celles qui nous entraînent malgré nous à faire quelque chose de bien ou de mal. La source de ces dernières habitudes se trouve, avons-nous dit, dans les impressions long-temps ressenties ou perçues dans l'enfance. On conçoit, d'après cela, combien il importe d'éviter soigneusement tout ce qui peut en faire éprouver de dangereuses à l'enfant; mais je n'envisage pas seulement comme mauvaises impressions, l'exemple du vice, les mauvais conseils ou les conversations peu mesurées; personne ne doute des funestes effets de semblables modèles, et il n'est pas de mère de famille qui ne mette tous ses soins à les éviter; mais il en est une foule d’autres bien plus minutieuses en apparence, et qui ne laissent pas que d'exercer une influence souvent plus pernicieuse que le hideux spectacle du vice, dont on peut même quelquefois tirer parti pour en faire concevoir de l'horreur; je veux surtout parler de celles que l'enfant reçoit directement dans ses rapports avec les personnes qui l'entourent, lesquelles, sans leur donner ni mauvais exemples, ni mauvais conseils, donnent cependant souvent naissance à des vices très-graves, comme les parents par leur faiblesse, et les maîtres par une rigidité malentendue ou par le peu de soin que l'on met à approprier sa manière d'agir au caractère de l’enfant: quand on cède, par exemple, à ses importunités, quand on tolère des défauts sous de vains prétextes, quand on se soumet à ses caprices, quand on lui laisse apercevoir qu'on est le dupe de ses ruses, quand on ne sait pas discerner le mobile qui le fait agir, et qu'ainsi on prend souvent des défauts ou des germes de vice pour des qualités, ce qui arrive souvent aux parents; quand on n'a pas égard aux circonstances minutieuses qui peuvent modifier telle ou telle action de l'enfant, quand surtout on ne tient pas compte des nuances de caractère, on lui fait éprouver des impressions qui sont souvent la source de vices très-graves. Un sourire quand il faudrait être sérieux, une faiblesse quand il faudrait être ferme, de la sévérité quand il faudrait de la douceur, une parole inconsidérée, un rien enfin suffisent quelquefois pour produire une impression ineffaçable et pour faire germer un vice. Que sera-ce donc quand ces impressions seront ressenties dès le berceau, et souvent pendant toute la jeunesse? Sous ce rapport le système des punitions est une des parties les plus importantes à considérer dans l'éducation; car elles sont ordinairement la source de la plupart des défauts et des vices. Souvent trop sévères ou infligées avec partialité et dans un moment d'humeur, elles irritent les enfants au lieu de les convaincre. Que de ruses, que de moyens détournés, que de fraudes n'emploient-ils pas pour les éluder! C'est ainsi qu'on jette en eux les semences de la mauvaise foi et de l'hypocrisie, et c'est souvent là le seul résultat qu'on en obtient. L'enfant irrité et non persuadé ne se soumet qu'à la force; rien ne lui prouve qu'il a mal fait; il sait seulement qu'il n'a pas agi conformément à la volonté de son maître; et cette volonté il la considère, non comme une chose juste et raisonnable, mais comme un caprice ou une tyrannie; il se croit toujours soumis à l'arbitraire. Comme on lui fait ordinairement sentir plus de supériorité physique que de supériorité morale, il attend avec impatience qu'il ait lui-même assez de force pour s'y soustraire: de-là cet esprit hostile qui règne entre les maîtres et leurs élèves. Il n'y a entre eux nulle confiance réciproque, nul attachement; il y a au contraire un échange continuel de ruses; c'est à qui sera assez adroit pour surprendre l'autre, et l'on sait celui qui l'emporte le plus souvent. Ce sont deux partis qui, lorsqu'ils ne sont pas en guerre ouverte, sont continuellement en défiance l'un de l’autre. Comment est-il possible de faire une bonne éducation dans un pareil état de choses?
À l'école de la violence: le châtiment de la férule.